AMANCE  29/10/1974 ENTERREMENT DE MADAME MUNIER

 Chers Cousins, chers Amis, mes Frères,

 

A quelques jours de la Toussaint, le départ de Madame MUNIER me parait comme une fête :

—                         Lorsque quelqu’un s’est longuement préparé à cette rencontre avec son Seigneur,

—                         Lorsque toute sa vie n’a ou d’autres raisons que de mieux le connaître et mieux le servir,

—                         Lorsque la Foi n’a pas vacillé tout au long de 90 années

Cette vie fut comme un champ soigneusement labouré de sillons bien droits et patiemment cultivé

Le dernier jour est comme l’époque des moissons ou des vendanges où le Seigneur vient récolter dans son champ les fruits bien murs et abondants

Je pense surtout que la peine est bien légitime pour ceux qu’elle quitte pour un temps ... et pour beaucoup cette peine est marquée par une sorte de nostalgie de n’avoir pas rempli sa vie aussi complètement et de ne pas avoir répondu aussi généreusement aux appels du Seigneur et de se sentir encore très loin du but à atteindre, du bonheur promis aux vrais disciples

J’aurais voulu rencontrer Madame MUNIER pour recueillir tout ce qu’elle pouvait m’apporter; elle a sans doute contribué à la sanctification de beaucoup et en particulier des prêtres qui. se sont succédé à Amance.

Sans doute, dès le départ, elle fut orientée vers le Seigneur par des parents profondément Chrétiens • On m’a rapporté ces temps derniers l’attitude de son père qui. ne manquait jamais de réciter sa prière du soir, tête découverte, et qui après une épreuve, déclarait souvent aux siens :

« Le Bon Dieu ne nous doit rien, Il nous a tout donné » “ et pourtant il eut un fils et deux gendres tués en 1915.

Toute la vie de Madame MUNIER a été marquée par le sens du service :

—                      Rude travail de la fermière dans ce beau pays d’Amance  et de Fleurfontaine mais où la terre et le climat n’ont pas l’habitude de faire des cadeaux.

—                      Vie de dévouement à sa famille avec les épreuves que cela comporte, l’accident qui lui ravit son fils aîné.

—                      Vie de prières, d’offrandes continuelles dans le calme, la paix et la joie.

—                      Elle a donné sa fille Marie au service de Dieu, puis sa longue retraite avec le souci des autres qu’elle portait, mais vieillesse heureuse toute marquée par l’affection des siens, le dévouement inlassable et attentionné de sa fille Madeleine

Que de prières et de chapelets ont été récités dans cette maison pour compenser tous ceux qui ne se disent plus guère ailleurs.

Nous savons aussi quelle était la qualité de son accueil pour tous ceux qui frappaient à sa porte, pour Amance, souvent l’annexe du presbytère de Laître.

Il y a 15 jours environ, je venais lui rendre visite, elle n’avait qu’une chose à me dire, le regret de ne pouvoir mieux me recevoir, s’excusant à n’en plus finir, tellement elle avait l’habitude de faire plaisir avant de penser à elle même.

Elle n’a pas eu peur de son départ • Pour elle, ce fut le couronnement du bonheur qu’elle avait déjà commencé sur terre et la joie de retrouver ceux qu’ elle avait aimés à Amance : son mari, son fils Henri particulièrement.

De l’espérance que lui donnait sa Foi profonde, elle est passée à la certitude et à la plénitude du bonheur, du moins nous avons toutes les raisons de le penser , car la miséricorde du Seigneur lui accordera le pardon de toutes les négligences qu’elle aurait pu commettre.

 

1ère lecture : Si ton coeur croit que Jésus est Seigneur et qu’Il est vivant, tu seras sauvé et si tes lèvres et toute ta vie le proclament, tu obtiendras le Salut.

Pour Madame MUNIER, Ces conditions semblent bien remplies.

 

Frères, nous sommes rassemblés aujourd’hui dans cette église d’Amance où elle est venue prier pour les siens et pour nous tous...

Que notre prière soit un pauvre geste de reconnaissance pour tout ce qu’elle aura obtenu par son exemple et pour tout le bien qu’elle aura fait et avec elle, demandons à Dieu qu’Il console, aide et protège tous les siens et qu’elle nous entraîne à sa suite dans un service plus généreux de l’Evangile.

 

Albert CHONÉ